la statégie small ball

L’origine de cette stratégie est une technique de baseball permettant une alternative à la « manière forte » de jouer. Au lieu d’une balle puissante pour tenter un « homerun », le joueur frappe doucement entre le lanceur et le receveur dans le seul but d’atteindre la première base. Son parcours sera donc plus long mais moins risqué, car il a peu de chance de rater l’essai. L’analogie avec le poker est très intuitive : le but est de jouer un maximum de petits coups pour monter son tapis doucement mais surement.

Les principes de cette stratégie

Comme expliqué précédemment, la base de cette stratégie est d’augmenter son tapis petit à petit, puis de se servir de l’image construite pour prendre des gros pots par la suite. Pour effectuer cette tache correctement, le premier conseil est d’élargir son jeu en relançant beaucoup de mains préflop. Couplé à une bonne utilisation de la position et de la maitrise du « pot control » cette stratégie devrait pouvoir vous aider à monter de gros tapis. Cependant, l’essentiel se passant postflop, il faut avoir une bonne lecture du jeu ainsi que des notions du poker approfondies avant de se lancer.

Cette stratégie s’adapte aussi bien en tournoi, qu’en Sng ou en cash game. Cependant, elle est moins profitable dans ce dernier, car elle est plus exploitable. En effet en tournoi ou Sng, un joueur sera moins tenté d’utiliser une partie de son stack pour vous surrelancer avec une main faible, car il ne pourra pas recaver à la main suivante et récupérer ce qu’il vient de perdre. En contrepartie, le cash game est le seul type de jeu où on peut toujours jouer smallball car les blindes ne changent pas de valeurs. En tournoi c’est plus difficile de conserver cette stratégie sur la longueur, les blindes devenant trop importantes.

Sélectionner ses mains de départ

Votre jeu préflop va devoir se rapprocher au maximum de celui des joueurs larges agressifs. Voici les mains que vous devez relancer préflop :

- Les As avec un petit kicker : , etc..
- Les broadways, c'est-à-dire toutes les combinaisons de cartes supérieures à 10: , , , etc…
- Les petits connecteurs assortis : , , , etc...
- Les « gappers » assortis, c'est-à-dire toute les cartes avec un intervalle au milieu : , , etc...
- Quelques mains diverses du type: , , , etc…

Maitriser le « pot control »

Relancez petit, 2.5BB préflop suffisent ! Cela vous permettra de ne pas investir beaucoup avec les mains qui composent votre nouvelle range. Vous serez souvent payé avant le flop car la relance est faible, mais nous avons vu que l’essentiel de cette stratégie se joue après celui-ci. Envoyer un continuation bet ne sera presque jamais une erreur, et il sera difficile à votre adversaire de savoir quel genre de main vous possédez. Il faudra par ailleurs savoir aiguiser votre lecture du jeu pour ne pas vous retrouver dans des gros pots avec des mains faibles.

Attention toutefois à ne pas pratiquer de « raise pattern », c'est-à-dire de donner des informations par la taille de vos mises. Il faudra, sauf read spécifique, miser le même montant avec une paire d’As ou avec J9 dépareillés.

L’importance de la position

Les principes développés dans les parties précédentes vous montrent bien que vous ne pouvez pas mener à bien votre stratégie si vous êtes hors de position. Il faudra donc veiller à parler après vos opposants le plus souvent possible.

Voici un exemple d’un coup typique contre un adversaire smallball :

Vous êtes en position de BB sur une table de 10 joueurs. Un joueur qui joue smallball relance à 2.5BB en milieu de parole et tout le monde jette ses cartes jusqu'à vous. Vous avez :Kh :Qd et ne voulez pas le 3bet pour ne pas vous retrouver dans un gros pot postflop sans la position, cependant vous avez une belle main et il serait trop serré de la jeter. Vous vous contentez donc de payer et de checker le flop :7h :6h :As . Votre adversaire effectue un continuation bet mi-pot et c’est à vous de prendre une décision. Il n’a peut-être rien, comme il peut avoir un As, deux paires, un brelan ou un tirage quinte, mais comment négocier ce coup hors position sans une seule paire ? Le seul moyen pour vous de gagner ce pot est de le surrelancer, mais sans aucune information sur sa main, vous préférez adopter la solution la plus sûre : passer.

On se rend bien compte dans cet exemple que grâce sa position, le joueur smallball prend l’initiative préflop et postflop pour s’adjuger le pot. S’il sent une résistance et qu’il a raté le flop, il va surement abandonner le pot, mais il saura en général juger correctement la force de sa main.

Sachez exploiter votre image

Vous relancez beaucoup de mains et vos adversaires vont en déduire que vous jouez n’importe comment ! L’idéal est qu’ils se rendent compte de votre stratégie pour profiter de votre image. Un multitableur ou une calling station qui ne joue que ses cartes ne vous seront pas très profitables car ils ne s’adapteront pas réellement. Les mains faibles que vous avez montrées à l’abattage vont les conforter dans leur idée, et les pousser à jouer de plus gros pots avec des mauvaises mains. Ils seront par exemple tenté de payer deux gros barrels avec en main une deuxième paire. Vous êtes normalement le seul à savoir que votre image est un leurre, et que dans les gros pots vous avez presque toujours des mains énormes.

S’adapter à un joueur smallball ?

Le meilleur moyen de jouer contre une stratégie est d’en connaitre les ficelles. Maintenant, vous savez comment jouent les joueurs smallball, et connaissez leurs forces et leurs faiblesses. Contre eux, l’essentiel est de jouer serré pour ne pas multiplier les petites pertes qui se concluront par une lourde note. Gardez également à l’esprit qu’il aura presque toujours un gros jeu dans les pots conséquents.

Vous savez que leur range est très large et ne supportera pas souvent un 3bet, donc relancez les en position. Il ne faudra pas hésiter, par exemple, à 3bet avec :Qh :Th au bouton lorsqu’il ouvre au Cut Off, mais tout de même rester vigilant si sa relance est faite d’une position avancée.